La civilisation Sao

Les peuples Sao constituent une des civilisations les plus anciennes de l’Afrique de l’ouest.
Selon une tradition Toubou, les Sao sont signalés à 500 kilomètres au nord du lac Tchad, dès le VIIe siècle, vivant dans les oasis de Bilma, Tadjeré et Fatchi.
Entre 930 et 970, on les signale au sud du lac Tchad, dans une plaine inondable et souvent inondée, régulièrement, par les pluies. Ils y fondent l’Empire Sao. Cette région est à la fois une zone de contact et de métissage et les Sao ont dû se mélanger à une population déjà en place, puisqu’en effet, une datation au carbone 14 faite par J.-P. Leboeuf semble prouver qu’il y avait déjà une occupation humaine à cet endroit, dès l’an 425 avant J.-C.
Le peuplement se serait effectué alors en trois migrations distinctes et successives. La première, par des chasseurs, armés de sagaies, accompagnés de chiens courants. La seconde, par des chasseurs, encore, mais cette fois, armés d’arcs et de flèches. La troisième, enfin, par des pêcheurs équipés de filets, venant, sans doute, des bords du lac tout proche… Ceci, sans autres précisions, les preuves archéologiques faisant défaut pour dater avec certitude ces déplacements et regroupements, ou faire le distinguo entre ces différents groupes. Les Sao sont donc un regroupement, la réunion de différentes tribus ethniques, proches, sans doute et non musulmanes.
Au XIe siècle, les Sao, grands architectes, créent de grandes cités entourées de terre sèche, cernées de fortifications et de remparts.
Le modèle prolifère : les Sao - le terme signifie « les hommes d’autrefois » - ont acquis un poids politique considérable. Ils développent une activité diplomatique importante avec le Royaume de Kanem, situé à l’est du Tchad et peuplé de Kanuri.
Bien entendu, guerres et guérillas éclatent, les deux camps gagnent et perdent alternativement, jusqu’à ce que les Boulala, peuple d’origine yéménite, après s’être emparé de Kanem, chassent les Sao définitivement de la région.
C’est la fin de l’Empire Sao, au XVIe siècle, sous les coups conjugués des Kanembu et des Kanuri. Parmi les survivants, certains sont tués plus tard par les Massa, tandis que les troupes Bornu déciment ceux restés dans les villes. Les derniers, enfin, s’enfuirent et se réfugièrent au nord-ouest du Cameroun. Ils se métissèrent avec les populations Massa installées dans ces régions. Ils formèrent une nouvelle ethnie : les Kotoko. Les Sao avaient alors cessé d’exister en tant que peuple Sao. C’était à la fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle...
Les Sao enterraient leurs morts. Les tombes ont été retrouvées, groupées en de vastes nécropoles qui pouvaient occuper trois, voire quatre niveaux.
Les plus anciennes étaient de simples fosses où le cadavre était couché, allongé sur le dos, la tête reposant, le plus souvent, sur une sorte d’oreiller en argile séchée.
Les plus intéressantes et qui correspondent à ce que l’on pourrait appeler la période classique Sao étaient constituées par de grandes jarres en terre cuite, entièrement ou partiellement décorées de chevrons auxquels venaient s’ajouter des motifs relevant le plus souvent de la symbolique sexuelle.
La jarre inférieure, dans laquelle était placé le mort en position fœtale, était fermée soit par une autre jarre de même dimension, opposé verticalement bord à bord, soit, plus fréquemment, par une autre poterie, de même forme ovoïde mais de taille plus réduite.
Cette mise en jarre du cadavre que nous rattachons à la période classique, date des XIIe et XIIIe siècles. A partir du XVe siècle, ce type de sépulture est abandonné et cède la place à une inhumation simple.
Les éléments les plus représentatifs, les plus caractéristiques, ceux qui parlent le mieux pour témoigner de leur civilisation sont, incontestablement, les œuvres d’art, en particulier, les sculptures en terre cuite, qu’elles soient animalières ou anthropomorphiques.
On trouve également des colliers en argile ou des poids servant de mesures parmi les vestiges retrouvés de cette civilisation.En ce qui concerne les terres cuites représentant hommes ou animaux, elles proviennent généralement de sanctuaires ou de lieux d’offrandes. Un quart d’entre elles se trouvait associées aux rituels funéraires.
Plus de 350 sites Sao ont été dénombrés, tant au Tchad qu’au Cameroun. Il s’agit, dans la plupart des cas, de buttes plus ou moins artificielles, allongées ou circulaires, de dimensions variables. Si Nok est le nom d’un village et d’une région riche en minerai d’étain, au centre du Nigeria, Sao n’est pas un nom de lieu mais un vocable collectif donné aux populations vivant avant l’arrivée de l’Islam, dans les plaines basses au sud du lac Tchad et sur les territoires d’une partie du Nigeria, du Cameroun et du Tchad.De ces fouilles et de ces recherches, il ressort qu’il existe cinq époques marquantes dans l’histoire de la culture Sao : dans le premier millénaire avant notre ère, occupation de certains sites par des chasseurs-pêcheurs néolithiques, · vers -200 : apparition du fer.
On trouve les premières représentations animales en terre cuite, · vers le Xe siècle, découverte de la plus ancienne figuration humaine, à Messo (Tchad), · aux XII et XIIIème siècles, pratique généralisée des inhumations dans des jarres qui peuvent atteindre 1,40 mètre, avec multiplication des céramiques, épanouissement de la métallurgie du cuivre,· à partir des XV et XVIème siècles, multiplication des figurines humaines jusqu’à l’arrivée de l’Islam qui interdit alors toute représentationChez les Sao, les pièces de terre cuite étaient de loin les plus nombreuses. L’argile a été utilisée de façon continuelle pour les activités matérielles et quotidiennes, ainsi que religieuses. Les objets fabriqués étaient si bien faits, conçus avec tant de goût et d’ingéniosité que l’on peut assurer que la céramique a été la technique majeure des Sao.Cette production comprenait toute la vaisselle (bols, plats, écuelles, marmites, caissons de rangement…), mais aussi des silos de toutes grandeurs, pour conserver les matières périssables, les poids à filets de pêche, ceux des fileurs de tissus, ceux des teinturiers, des armes (masses, bolas, poids à lancer…), des pipes, des bijoux, des jouets innombrables pour les enfants. Sans oublier tout le mobilier ou les objets religieux (jarres funéraires) dont quelques unes dépassaient 1,40 m, ainsi que de multiples représentations humaines et animales.Il semble, comme couramment en Afrique, que ce soient les femmes qui façonnaient, modelaient et cuisaient les céramiques. Le traitement de l’argile devait être réglementé, qu’il s’agisse de l’édification des habitations, d’œuvres réservées à la communauté (murs, silos, puits…) ou de simple modelage d’ustensiles. L’immense développement de la fabrication de céramique devait occuper un grand nombre de personnes et, pourtant, il n’a pas été possible de trouver de traces de ces ateliers spécifiques. Seuls, des foyers ont été retrouvés. Rien ne nous est parvenu des détails de traitement, de leur séchage, de modelage de la terre, de l’ornementation des pièces fabriquées, voire de leur cuisson...Pour le montage des grandes pièces, vases ou jarres-cercueil, le procédé au boudin était utilisé, avec l’emploi à l’extérieur ou à l’intérieur de la pièce, d’un panier pour aider à la confection de la base ou de la panse de la pièce fabriquée. Les jarres funéraires devaient être montées en plusieurs opérations. On faisait le fond sur une forme en vannerie, calé sur de la terre meuble et on y ajoutait la panse, en réunissant les deux fragments par des emplâtres d’argile, étalées manuellement. Sur la cuisson, on imagine qu’elle devait s’effectuer à feu nu, comme le font encore les Kotoko, descendants actuels et naturels, en ligne directe, des Sao.Les techniques de chauffe étaient diverses, donnant des résultats disparates.
L’on a retrouvé des pièces rose pâle, roses, rouges, brunes, grises, noires, comme calcinées, dans des tertres Sao.
Les chauffes différentes donnaient des résultats aléatoires, certaines chauffes trop brutales pour de grandes pièces ne leur ayant pas permis de résister aux épreuves du temps et des intempéries.
Elles ont tout simplement éclaté, littéralement parlant...Pour la statuaire plus figurative, la technique n’a rien non plus à voir avec la technique Nok. Les têtes et les statues sont cuites dans des fours dont on a retrouvé les traces nombreuses. Elles ne sont pas creuses, mais faites à partir d’une masse pleine sur et dans laquelle le potier façonnait en creux ou en relief les traits du visage.Les conditions de cuisson et la qualité de la matière utilisée donnent des œuvres différentes.
Elles ne présentent pas non plus les trous systématiques trouvés chez les Nok, ni les éclats de feldspath, de quartz ou de mica partout présents. L’art et l’architecture Sao sont incontestablement des chefs-d’œuvre de maîtrise, de perfection et de raffinement. Bien au-delà de la simple terre cuite, les Sao cultivaient l’art du bronze, du fer, du verre et de l’ivoire.
 Avec, il faut bien le dire, une très grande irrégularité de la qualité esthétique.

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