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Les ethnies de la Cross River
C’est le fleuve Cross, dont le cours est à cheval sur le Nigéria (à l’extrême sud-est) et le Cameroun (à l’ouest), qui a prêté son nom pour désigner la région qu’il traverse, la Cross River. Voisine de trois complexes culturels majeurs (au nord, celui de la Bénoué ; à l’ouest, celui des Ibo ; et, à l’est, le Grassland), la région de la Cross River s’est distinguée par l’emploi d’une technique artistique, hautement originale et unique en Afrique, qui consiste à recouvrir de peau animale, en générale d’antilope, une âme de bois.
Cette technique fut utilisée pour confectionner des heaumes, des masques heaumes mais surtout des cimiers dont de très nombreux exemples figurent aujourd’hui dans les collections occidentales privées et publiques.
Depuis sa découverte, cette pratique a captivé spécialistes et amateurs qui se sont interrogés sur la nature de la peau employée — était-elle humaine ? — et les raisons profondes du choix de ce matériau.
La fascination pour les œuvres couvertes de peau de la Cross River a eu plusieurs conséquences.
Elle a tout d’abord occulté le reste de la production artistique et notamment la sculpture en bois, mais elle a aussi incité à classer les arts de la Cross River selon un critère technique plutôt que la stylistique habituellement employée pour attribuer les arts de l’Afrique à une ethnie.
Ainsi, les œuvres recouvertes de peau sont données soit aux Ejagham soit aux Ekoï, et plus rarement aux Widekum ; les extrémités de tambour en bois sont invariablement attribuées aux Mbembe ; tandis que les cimiers et les masques en bois, sans couverture de peau, sont supposés " Boki ”, dans la plupart des cas. L’ensemble des arts de la Cross River se trouve donc réparti sous cinq appellations ethniques, bien distinctes, encore faut-il pouvoir les identifier.
La recherche que nous avons entreprise sur les arts de cette région et, plus particulièrement, sur ce que recouvraient les différentes appellations ethniques en usage dans la Cross River nous a montré qu’il existait de nombreuses ambiguïtés.
Celles-ci affectent tous les niveaux de l’étude des arts de la région de la Cross River, spécifiquement la géographie ethnique et, par conséquent, la géographie stylistique.
Si l’on recherche, par exemple, la logique d’attribution des œuvres couvertes de peau à l’une ou l’autre des appellations ethniques (Ekoï ou Ejagham), on comprend rapidement qu’elle n’est ni iconographique (ou stylistique) ni basée sur des données géographiques ou culturelles car il règne la plus grande confusion sur ces deux termes.
En effet, sur un corpus de plus de cinq cents œuvres attribuées à la Cross River, seule une vingtaine sont précisément localisées.
Malheureusement, ces dernières ne s’apparentent ni au style ni à l’iconographie des œuvres considérées comme caractéristiques de la région. Ces recherches très complexes sont loin d’être abouties et devront encore être poursuivies.
Les recherches que nous avons menées n’ont fait que mettre en évidence quelques-uns des écueils méthodologiques, révélateurs des problèmes posés par l’histoire des arts africains.
L’histoire de l’art et, notamment, l’approche typologique du corpus contribueront peut-être à une meilleure compréhension des arts de la région de la Cross River, véritable charnière entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
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